Aux racines de
la mémoire du corps...
Interroger la présence de l’Homme au monde c’est, nous donne à voir le
chorégraphe Patrick Servius, retremper dans la mangrove primordiale d’où la vie
s’est échappée de sa moite intériorité pour projeter ses racines sur les rives
de la matière et du mouvement. La présence est ce projet d’élévation qui, de la
gravité de nos ancrages à la terre aux fulgurances du corps, nous porte à
l’Autre et au partage. La présence est cette tresse des flux mémoriels qui
agite l’infinie recomposition du corps et de ses désirs. Ainsi danse la
dernière création de la Cie du Rêve de la Soie, qui va puiser dans la densité
amazonienne de Manaus (Brésil) la dramaturgie charnelle des pulsions primitives
et l’entrelacs initiatique des émergences collectives. Le corps, cette grande
foule solitaire, s’enlace, s’élance, s’alliance au ballet des tensions, sur la
ligne de crête des cinq traces qu’exhale la transe des artistes sur les
percussions intimes de la Forêt et du Fleuve. Comme autant de Présences, intenses et sensibles. Comme
autant de remontées vers l’essence d’où fleurissent les gestes et le mouvement.
Alors, par le rituel ancestral de la liberté convoquée, une paix nouvelle se
dresse, enfin couronnée de la Parole. A l’appel en nous-mêmes de l’humain et de
la beauté. On comprend ainsi l’impératif de sortir de soi pour se (re)trouver,
de risquer l’en-aller vers la différence pour mieux peser de son poids propre.
Et l’urgence de libérer l’espérance des peurs que la mémoire du corps archive
dans l’inconscient de notre pure humanité... Sans doute est-ce là la plus
essentielle leçon que nous offre ce projet fraternel et ambitieux où les
foisonnements fascinants du Nouveau Monde enfantent l’horizon éternel de la
Vie...
Kenjah, Marseille 2013
Nenhum comentário:
Postar um comentário